Patriarche Youssef

Déclaration du Patriarche Gregorios III après les explosions terroristes à Damas

21 2 2013


 

Déclaration de S.B. le Patriarche Gregorios III
après les explosions terroristes au quartier Mazraa de Damas le 21 février 2013, avec un  bilan de 53 morts et 235 blessés et de très graves dégâts, surtout dans une école et un hôpital

 

            Trois explosions successives ont secoué Damas, ont ensanglanté nos cœurs et nos âmes, ont blessé nos sentiments et ont fait jaillir les larmes de nos yeux. Notre voix s'est élevée dans la prière et les supplications. Nous sommes dans la situation du père d'un malade qui crie à haute voix au Seigneur Jésus-Christ: "Si Tu peux quelque chose, viens-nous en aide, par pitié pour nous!" (Marc 9, 22).

       Nous prions pour le repos des âmes des victimes de ceux qui sont tombés au champ d'honneur, qui sont des citoyens aimés, des fils bien-aimés de la Syrie: civils, étudiants, enfants, tous citoyens innocents. Nous prions pour la guérison rapide des blessés et la consolation de ceux qui sont dans le deuil.

       Nous lançons, du fond de notre cœur, un cri à la conscience du monde entier, aux dirigeants des Etats, notamment des pays arabes, et des institutions et assemblées internationales, aux militants pacifistes, à Sa Sainteté le Pape et aux Episcopats du monde chrétien. Nous les supplions d'écouter notre voix et les souffrances et la peine du peuple syrien. Personne n'a le droit de se disculper et de nier sa responsabilité devant le massacre, les destructions, les explosions, les émeutes, ni devant la crise actuelle, la haine, la rancœur et l'inimitié entre les fils de la même Patrie.

       Nous renouvelons notre appel au monde entier pour que cesse l'afflux des armes vers la Syrie. Nous demandons à la communauté internationale et aux pays les plus importants dans le monde de soutenir la Syrie dans les efforts déployés pour concrétiser la voie du dialogue, pour aboutir à la solution diplomatique de la crise.

       Pour notre part, nous soutenons les efforts en vue du dialogue. C'est le programme de la Syrie, de son gouvernement et de son peuple. C'est notre patrimoine. Ce sont nos convictions. Nous implorons les militants pacifistes et ceux qui ont reçu le Prix Nobel de la Paix de rejoindre le plan de la Syrie pour le dialogue et la réconciliation.

       Nous nous adressons, en vertu de notre responsabilité en tant que Patriarche, au Conseil de Sécurité, à l'Union Européenne, à toutes les nations, et surtout aux Etats amis, ainsi qu'aux nombreux amis, laïcs et religieux, que nous avons en Europe occidentale (notamment en France, en Allemagne, en Autriche, en Grande Bretagne et en Italie). Nous demandons à ces derniers de déployer des efforts sérieux et rapides auprès de leurs gouvernements, afin de soutenir la solution politique et le dialogue entre Syriens, et pour l'arrêt de l'armement des belligérants.

       Nous adressons notre appel surtout à la Russie et aux Etats-Unis d'Amérique afin qu'ils poursuivent leurs efforts sincères pour appuyer la marche du dialogue et de la solution politique globale. La patience des Syriens est à bout. Leur peine est exacerbée dans tous les détails de leur vie quotidienne.

       Nous nous adressons à Sa Sainteté le Pape et aux responsables du Saint-Siège Apostolique de Rome, pour qu'ils lancent une initiative diplomatique de l'Eglise Catholique fondée sur son influence spirituelle mondiale.

       Nous nous adressons, une fois de plus, spécialement à nos fidèles de l'Eparchie Patriarcale de Damas, les invitant au jeûne et à la prière en ce temps du Grand Carême, pour la sécurité et la paix en Syrie et pour le succès des efforts en vue du dialogue et de la réconciliation.

       Nous supplions Notre Seigneur Jésus-Christ, avec ferveur et insistance, pour que finissse cette crise suffocante, pour que finisse le chemin de croix de la peine de nos concitoyens et débouche sur la joie de la résurrection, par l'intercession de Notre Dame la Vierge Marie, Reine de la Paix.

       Lors de sa visite au Liban en septembre 2012, le Pape Benoît XVI a exprimé sa douleur pour les souffrances des habitants de "cette région du monde qui semble connaître les douleurs d'un enfantement sans fin. (...) Pourquoi Dieu a-t-Il choisi cette région? Pourquoi vit-elle dans la tourmente? Dieu l'a choisie, me semble-t-il, afin qu'elle soit exemplaire, afin qu'elle témoigne à la face du monde la possibilité qu'a l'homme de vivre concrètement son désir de paix et de réconciliation!" (...).

       "Pensées de paix, paroles de paix et gestes de paix créent une atmosphère de respect, d'honnêteté et de cordialité, où les fautes et les offenses peuvent être reconnues en vérité pour avancer ensemble vers la réconciliation. Que les hommes d'Etat et les responsables religieux y réfléchissent!" (...)

       "Il s'agit de dire non à la vengeance, de reconnaître ses torts, d'accepter les excuses sans les rechercher, et enfin de pardonner. Car seul le pardon donné et reçu pose les fondements durables de la réconciliation et de la paix pour tous" (Discours au Palais Présidentiel de Baabda, Beyrouth, 15 septembre 2012).        

 

+ Gregorios III
Patriarche d'Antioche et de tout l'Orient,
d'Alexandrie et de Jérusalem